Samuel Dixneuf

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Contraires à la grammaire…

In invité(e)s, vasescommunicants on 5 juillet 2013 at 00:01

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Pareillement M. de Charlus se servait avec le giletier du même langage qu’il eût fait avec des gens du monde de sa coterie, exagérant même ses tics (Proust, Sodome et Gomorrhe, 1922)

Tics. Ce qui est dit contraire à la grammaire est encore de la grammaire. Tics taclent. Une manière de tirer la langue. Combien de temps il faut pour que la grammaire devienne La grammaire ? Tic-tac, ronronne la pendule d’argent au salon. Le temps de la comprendre, la grammaire, et elle aura changé. Et Tac. Et Tic. Sans façons, sans éthique. Il faudrait devenir elle. Devenir la grammaire. Pour être la langue. Mais ce que l’on apprend enfant, le temps d’une vie, l’abolit, sans tactique aucune ou le transforme sans que nous nous en rendions compte. Tic-tac. L’expression : les feuilles mortes que l’on ramasse à la pelle n’est pas un cliché quelconque. N’est même pas un cliché du tout… C’est la réflexion du poète qui pense encore à son enfance, aux chemins qu’il a pris et à ceux qu’il a nié, ceux qu’il n’a pas appris. La vie ne pense pas. Seuls les hommes tentent cette gageure. Volontaires, fiers et inconscients des tensions de leurs échines. Heureusement… La vie ne se contente de réfléchir que ce que nous sommes. Elle est sans cervelle. En vain, nous essayons d’apprendre la langue. Et sa grammaire… qui n’est déjà plus la même que celle de notre enfance. Certains obsessionnels ne se lassent pas de toujours vouloir les fixer : grammaire, langue ou vie. Mais elles résistent, gesticulent, se débattent, se dandinent et s’enfuient sans que nous y prenions garde… Toc-toc… Entrez…

Presque un an depuis le dernier… Il était temps de renouer avec les Vases communicants, 17e édition sur ce blog. Caprices de la langue, de tics en clichés.  Un grand merci à Franck Queyraud qui a bien voulu jouer avec le thème proposé. Franck, qui me reçoit, évidemment, chez lui.