Samuel Dixneuf

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le vent décider

In invité(e)s, vasescommunicants on 6 Mai 2011 at 12:28

Des étendues désertes et arides, le vent de plein fouet, les cheveux qu’on mange, le pique-nique avorté. Ça serait pas le Larzac par ici ? La diagonale du vide. Je cherche la mer mais elle est déjà loin, trop loin derrière, il faut continuer,

regagner la ville.

Tu m’avais dit un jour en riant que tu n’irais pas jusque là. Je ne sais pas si je t’avais pris au sérieux. Je me souviens que je n’avais rien répondu. Ne sachant pas quoi répondre, je n’avais rien répondu. Quarante. Juste un léger mouvement d’arrêt, le battement d’aile d’un papillon stupide qui se cogne contre la vitre, la forme d’un nuage qui change. Quarante. C’est tout.

Jusque là –

Pas plus.

Comme un soleil mort, comme des passants qui passent et qui ne s’arrêtent plus devant la mort, comme un monde où tout le monde a abandonné. SURRENDER.

C’est tout

ce qui reste

simplement.

Et ceux qui restent

alors

simplement ?

Y’a même plus besoin d’appeler le nine one one, même Oussama est mort. Neuf fois. Au moins. Comme les chats, en pire, en mieux. Mais pas toi. Toi, une fois. Une seule. Et le sang coule même pas. Les lacs sont gelés, on y cherche les enfants des yeux sur leurs patins mais y’a personne et plus rien à part ces foutues feuilles qui crissent folles dans l’indifférence et la rage insatiable des vents. Pique-niquer ailleurs, plus tard, plus loin, sur une autre aire d’autoroute. Il faut continuer.

Rentrer dans la caisse. Mettre le contact, rallumer le chauffage, rallumer le poste. Et croire entendre le son de ta voix me dire encore

laisse venir

laisse venir

laisse venir

 

Mais peut-être bien que c’est la fatigue.

Continuer, il faut

continuer.

Je ne laisserai pas le vent décider.

Vases communicants, cuvée 7. Quand on joue avec le temps… Merci à Candice, a.k.a the one shot mi, pour les musiques, pour les dérives, pour la nuit, pour les mots. Candice qui m’a fait une place, aussi, là-bas.